" Allo, c'est pour le ramadan ? " . A la veille du début du ramadan en France, pour la première fois fixée par avance par le Conseil français du culte musulman (CFCM), le réceptionniste de la Grande Mosquée de Paris est submergé d'appels au sujet du début de cette période. " Depuis quelques jours, on en parle tous entre nous ", explique Jamila, cuisinière à la Grande Mosquée. Pour cette femme de 46 ans et sa collègue Linda, de cinq ans son aînée, " cela s'inscrit dans un esprit de communauté dans le sens où le partage est bien plus important, on se souhaite bon ramadan, on en discute des jours auparavant quand on va faire nos provisions au marché ".
Loin de retenir le caractère ardu que peut revêtir le jeûne, Jamila assure que " la difficulté de la journée est compensée par la fête qui a lieu chaque soir. Il y a beaucoup plus de rencontres que le restant de l'année, la vie sociale est très importante en cette période. " Alors que les allées et venues ne cessent dans la Grande Mosquée de Paris, en cette fin d'après-midi presque étouffante, Lamine, 36 ans, semble apaisé : "je suis prêt depuis longtemps. Parfois je jeûne pendant l'année. La foi est plus forte que tout donc ce n'est pas difficile pour moi".
Récompense
Ce travailleur dans le bâtiment fait le ramadan tout les ans depuis qu'il a 16 ans, avouant avoir " uniquement arrêté durant l'adolescence". " Mon patron est très compréhensif, il m'autorise parfois même à rentrer chez moi un peu plus tôt " explique-t-il. Linda ajoute: " quand on travaille en même temps qu'on jeûne, on est plus récompensé par Dieu. Et moi je veux avoir beaucoup de points !" lance t-elle amusée.
Pour Youssouf, vingt ans, qui pratique depuis qu'il est en CP, "ce mois est très spirituel. C'est un moment de pardon durant lequel je me cherche. Je ne le fais pas parce qu'on me l'a demandé! ". Cette année, Youssouf aborde cette période de manière différente : "J'ai mûri dans la religion, je me sens désormais de faire un bon ramadan en respectant tous les interdits". Interrogé sur ce qu'il ne parvenait pas à honorer l'année précédente, il confesse : " je ne pouvais pas m'empêcher de regarder les filles qui passent dans la rue ! En plus c'est difficile car l'été est la période où elles sont en beauté. Mais là, je me sens enfin capable de ne pas le faire ".